Numérique et conditions de travail : un sondage à l'occasion de la Semaine pour la qualité de vie au travail

Publié le : 16/06/2016

TNS Sofres a réalisé une enquête pour l’Anact, à l'occasion de notre Semaine pour la qualité de vie au travail (13 au 17 juin 2016). Ses résultats dressent un état des lieux des attentes exprimées par les salariés et dirigeants français sur les enjeux de la transformation numérique en entreprise.

Une vision plutôt positive de la transformation numérique au travail, méritant d'être nuancée.
Au regard des résultats de ce sondage il apparaît que le numérique au travail revêt plutôt une consonance positive. Salariés et chefs d’entreprise affirment se sentir aujourd’hui à l’aise avec le numérique dans l’entreprise ; ils affichent un certain optimisme quant aux répercussions de celui-ci sur leur propre avenir et celui de l’entreprise.

Cette tendance est toutefois davantage marquée chez les chefs d’entreprise, les professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) + et chez les plus jeunes, que chez les salariés moins qualifiés et plus âgés. Les points de vue sur les effets des technologies sur les conditions de travail sont en revanche beaucoup plus mitigés.

Pour Olivier Mériaux, directeur général adjoint de l’Anact, "l’optimisme global exprimé dans ce sondage doit être appréhendé avec prudence. Ce résultat est plutôt conforme à d’autres sondages menés sur cette thématique. En revanche, les enquêtes du ministère du travail tendent à mettre davantage en exergue les risques liés aux débordements dans l’usage des outils numériques".

Numérique au travail : une consonance plutôt positive

Pour la majorité des salariés (60 %), le terme "numérique" évoque quelque chose de positif dans leur travail. Les chefs d’entreprise sont les plus enthousiastes avec 88% d’entre eux percevant ce terme comme quelque chose de positif dans leur entreprise. Le numérique est avant tout perçu comme une opportunité pour 57% des salariés et pour 72 % des chefs d’entreprise, la simplification et la souplesse apparaissant pour les uns et les autres aux premiers rangs de ses bénéfices.
Cette perception globale est plus marquée chez les chefs d’entreprise, les jeunes et les PCS +.
86% des salariés et 93% des chefs d’entreprise s’estiment à l’aise avec les technologies numériques dans leur vie professionnelle, une impression qui va de pair avec celle de se sentir dans des entreprises plutôt bien embarquées dans le numérique. 67% des salariés et 83% des chefs d’entreprise estiment que leur entreprise est avancée concernant l’usage des technologies numériques, même si 1 salarié sur 3 estime que son entreprise est en retard.

Ce sentiment de familiarité avec les nouvelles technologies favorise l’optimisme à l’égard des conséquences du numérique sur l’avenir : 73% des salariés et 93% des chefs d’entreprises sont optimistes en ce qui concerne les conséquences du numérique sur l’avenir de leur entreprise.
Pour Vincent Mandinaud, chargé de mission à l’Anact, "ces résultats doivent être nuancés ; le terme "numérique" est susceptible de revêtir plusieurs significations selon les individus. Ainsi les personnes interrogées qui assimilent leur familiarité avec le numérique avec leur maîtrise de certains outils informatiques sont bien loin d’évoquer les changements profonds engendrés par le numérique sur le travail".

Les salariés et chefs d’entreprises sont toutefois plus partagés sur les conséquences du numérique sur l’avenir de l’emploi en France : seuls 46% des salariés et 52% des chefs d’entreprise sont optimistes sur ce point, faisant ainsi écho aux menaces induites par l’automatisation croissante sur un grand nombre d’emplois.

Des effets favorables... mais certaines conséquences à surveiller

85% des salariés estiment que l’usage des technologies numériques a eu un effet positif sur leur qualité de vie au travail, et 90% des chefs d’entreprise pensent que cet usage a eu des conséquences positives sur la qualité de vie au travail des salariés de leur entreprise.
Selon Vincent Mandinaud, "cette vision très largement positive de l’impact du numérique sur la qualité de vie au travail est pour le moins paradoxale par rapport à certaines enquêtes pointant l’intensification et la fragmentation du travail, l’accélération des rythmes, l’exigence de disponibilité, de réactivité, de travail en urgence et leurs possibles effets en terme d’invasion, de saturation, de stress, d’autonomie, etc. On pense notamment aux enquêtes conditions de travail de la Dares, et en particulier les éléments d’analyse sur l’usage de l’informatique au travail. On observe également un décalage entre les débats actuels sur le droit à la déconnexion et ce qui s’exprime dans ce sondage".

Les salariés sont en revanche partagés entre un effet neutre ou positif du numérique sur l’efficacité de l’organisation, l’esprit d’innovation, la performance de l’entreprise, la qualité du travail et la qualité du service client. Les opinions sont particulièrement mitigées pour ce qui concerne l’information et la coopération ; de même, les salariés soulignent une relative mise à mal du dialogue social engendrée par le développement du numérique.
Cette ambivalence entre amélioration et stabilité se retrouve également sur les différentes composantes des conditions de travail. Par exemple, l’autonomie, souvent présentée comme un apport fort du numérique, partage les salariés, tandis que la surcharge informative, qui apparaît a priori comme une conséquence néfaste, n’est pas particulièrement incriminée.
Parallèlement, 3 salariés sur 5 estiment que la capacité de concentration, l’ambiance dans l’équipe, l’équilibre vie privée / vie professionnelle et les horaires de travail ne sont pas impactés par le numérique, tandis qu’1 sur 5 d’entre eux en souligne l’amélioration et une proportion équivalente la dégradation. Près d’un salarié sur 3 souligne en revanche les effets négatifs du numérique sur la charge de travail, la pression et le stress.
Sur ces dimensions liées à l’organisation du travail, les chefs d’entreprise se montrent plus optimistes, mais restent toutefois en phase avec le ressenti de leurs salariés sur certaines dimensions de la qualité au travail telles que la capacité de concentration, le niveau de stress, la charge de travail, la pression sur les délais, les horaires de travail ou encore l’équilibre vie privée-vie professionnelle.
Sur plusieurs points ayant trait aux effets du numérique sur les conditions de travail, la majorité des réponses se caractérise par leur neutralité. Pour Olivier Mériaux, "ce constat laisse supposer que les effets du numérique sur le travail, ses conditions, le management, ne sont pas tous visibles et lisibles par les acteurs. Comme si les personnes au travail n’étaient pas toujours en mesure de prendre conscience que les évolutions à l’oeuvre dans leur quotidien résultaient aussi de la transition numérique".

L'avènement du management collaboratif reste à venir

Un réel décalage est à noter entre la perception des salariés et celles des chefs d’entreprise quant aux opportunités offertes par le numérique sur la capacité des salariés à donner leur avis sur le management et participer aux décisions. Ainsi, si 47% des chefs d’entreprise estiment que le numérique a eu des conséquences positives sur la possibilité des salariés à donner leur avis sur le management et participer aux prises de décision, seuls 27% des salariés soulignent cet effet positif du numérique : l’avènement du management collaboratif reste à venir.

Formation, droit à la déconnexion et communication : les principales clés !

Interrogés sur ce qui pourrait aider les salariés à mieux travailler à l’ère du numérique, 40% des salariés jugent prioritaires des formations spécifiques au numérique, 35% de développer le dialogue social (participation aux décisions, sondages internes) et 27% d’imposer et réglementer un droit à la déconnexion. Pour les chefs d’entreprise, les formations spécifiques au numérique arrivent également en tête, avec 38% d’entre eux qui les jugent prioritaires, à égalité avec le développement du dialogue social. 32% appellent à de nouveaux modes de management de proximité, tandis que 26% seulement invoquent le droit à la déconnexion.

Une légitimité accordée aux entreprises

Enfin, invités à se prononcer sur les acteurs les plus légitimes pour proposer des outils et transmettre des messages sur le sujet du numérique et des conditions de travail, 37% des salariés citent les entreprises, 27% les salariés, affirmant ainsi le rôle plus actif qu’ils aspirent à jouer et 21% l’Etat, signe d’une volonté d’être protégés malgré tout.
Les chefs d’entreprise, eux, plébiscitent la légitimité des entreprises (61%), loin devant celle de l’Etat (15%) ou des salariés (12%), signe là encore du décalage entre le rôle que ces derniers aimeraient jouer et la légitimité qui leur est aujourd’hui conférée.

Méthodologie de notre enquête

L’analyse de ces résultats permet à l’Anact de susciter le débat et de nourrir la réflexion sur les opportunités et les risques engendrés par le numérique sur les formes de travail, le vécu par les salariés de la transformation numérique et les moyens de faire du numérique une opportunité pour améliorer la qualité de vie au travail.
Enquête réalisée en ligne du 15 mars au 1er avril 2016 auprès d’un échantillon représentatif de 1 003 salariés actifs occupés, âgés de 18 et plus et de 205 chefs d’entreprise (ou DRH).

Rapport complet de notre sondage (46 pages)

 

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