Démarches de maintien de la performance dans l'économie sociale et solidaire

Publié le : 19/04/2017

L’Aract Nouvelle-Aquitaine a proposé au collectif CO.R.I.DOR (*) de travailler sur le métier d’encadrant qui est permanent à la structure et de s’intéresser au recrutement des bénéficiaires à rapprocher de l’emploi. L’Aract a choisi ces structures car elles proposent des activités de type métier dit "masculin" comme l’entretien des espaces verts, travaux sur bâtiment, construction bois et des activités de type dit "féminin" comme de la confection couture, du repassage de linge, du tri de vêtements recyclés, de la vente de vêtements en boutique.

Une hypothèse forte était que les  prescripteurs avec leurs représentations sur les métiers H/F orientent les bénéficiaires sur les activités qu’ils pensent faisables pour les femmes et celles faisables pour les hommes. Les pré-requis techniques et compétences métiers n’étant pas recherchés au moment du recrutement dans l’insertion par l’économique.
Ce projet est mené auprès de 5 directeurs d’établissements membres du collectif Co.R.I.Dor et de la directrice du GARIE (Groupement Aquitain des Réseaux de l'Insertion par l'Activité Economique). Comme expliqué sur son site internet, le collectif regroupe 14 structures de l’Insertion par l’Activité Economique (IAE). Lors de cette réunion, l’Aract a échangé avec les membres du collectif et proposé de travailler sur la question du maintien de la performance collective des organisations malgré le turn-over imposé par le mode de fonctionnement des structures d’insertion, avec un focus particulier sur les rôle des encadrants techniques et leur impact sur des questions de :

  • égalité professionnelle hommes / femmes,
  • transmission technique et apprentissage, montée en compétence des salariés au niveau individuel,
  • processus de recrutement de nouveaux salariés en lien avec les métiers,
  • assimilation des règles de sécurité

Au final, plusieurs structures se sont portées volontaires pour participer à cette démarche etpartager ensuite les pistes d’amélioration avec l’ensemble des établissements de Co.R.I.Dor.

Chantier d’insertion avec des activités liées au textile :

  • récolte, tri et revente de vêtements,
  • création de vêtements avec des éléments de la récolte, vendus en boutique, repassage, couture, retouches.

Population exclusivement féminine, composée de 9 salariées en insertion et une encadrante à temps plein. Chantier crée à l’origine par volonté politique pour proposer de l’emploi à la population féminine locale. Des profils très divers sont recrutés pour le tri, la vente et le repassage des vêtements. Cependant les postes de création ou de retouches nécessitent une expérience métier et donc le recrutement concerne essentiellement des femmes déjà couturières.

ACI espaces verts et travaux d’extérieur :
Population quasi-exclusivement masculine, pas de femmes en 2016, 2 sur 12 en 2015. L’encadrant technique n’a pas repéré de différence particulière entre les populations H et F par rapport aux tâches réalisées. Cependant il n’a de prise sur le recrutement effectué en amont. 
Retour sur le rôle important des prescripteurs qui influencent et effectuent une pré-sélection à priori en fonction des activités métiers. Et pourtant il n’y a pas de compétence spécifique requise pour intégrer l’ACI environnement / espaces verts. Une hypothèse forte serait liée aux représentations du travail chez les prescripteurs : la pénibilité physique serait trop importante pour que les femmes travaillent à l’entretien des espaces verts et que les hommes ne sont pas assez compétents pour travailler dans le secteur textile.

Association mettant en œuvre 2 ateliers d’insertion :

  • un garage social : employant 1 encadrant technique, 3 mécaniciens et 1 secrétaire en insertion. Ce garage propose aux personnes en situation de précarité de faire réparer leur véhicule sans payer la main d’œuvre.  H/F
  • un atelier effectuant des travaux du bâtiment, de menuiserie, des travaux d’espaces verts et de déménagement. Cet atelier emploie 16 salariés en insertion (dont 4 femmes) et 2 encadrants techniques.

Le recrutement est effectué de manière collégiale, les candidats rencontrent la direction, l’ASP et les encadrants technique. Les compétences dans l’effectif sont variées, pas de prérequis de compétences à l’embauche. L’objectif restant de faire monter en compétences sociales et professionnelles les salariés, les encadrants ne notent aucune différence entre les salariés hommes et femmes, l’apprentissage se fait au même rythme et les problématiques rencontrées ne varient pas en fonction du sexe (absentéisme, addiction, etc.). A noter toutefois que si les femmes constituent près d’un tiers de l’effectif global, une répartition (non consciente ?) est notable : les 3 postes de mécaniciens sont occupés par des hommes et les 2 postes d’accueil/secrétariat le sont par des femmes.

Association mettant en œuvre 3 chantiers d’insertion :

  • Mobilier bois rond (création de meubles en bois)
  • Aménagement du milieu rural (entretien voies ferrées, gares SNCF, jardins d’assainissement, etc.).

Deux entretiens ont été menés avec l’encadrant des chantiers mobilier bois rond et aménagement du milieu rural et son assistant. Les femmes représentent un tiers de l’effectif (9 femmes sur 27 salariés en insertion) mais sont plus placées sur le chantier animation. L’association dit recruter à la suite de candidatures spontanées (association identifiée localement comme une des seules pouvant proposer des emplois) et dépendre assez peu des partenaires prescripteurs.
L’encadrant des chantiers bois et aménagement s’appuie sur les compétences présentes (salariés ayant une expérience métier) ou des salariés inexpérimentés montrant une aisance avec une tâche particulière. Par exemple lors de l’observation du chantier, l’Aract a pu observer une salariée maîtrisant la peinture qui travaille systématiquement en binôme avec les nouveaux arrivants pour les accompagner leur intégration et leur montée en compétence. Le fait pour les nouveaux arrivants d’apprendre la technique auprès une femme ne semble pas poser de problème particulier.

L'Aract a proposé une réflexion sur le maintien de la performance globale des structures malgré le turn-over imposé par le fonctionnement des SIAE.
Des questions sur :

  • la transmission technique et apprentissage,
  • l'intégration des nouveaux salariés au collectif,
  • l'assimilation des règles de sécurité.

Avec un focus sur le rôle des encadrants techniques car ils sont à l’interface de l’insertion et de la production, de la mission sociale des SIAE et des contraintes économiques.

L’étude a permis de montrer le rôle très important de certaines compétences spécifiques des encadrants dans ce secteur de l’IAE.
Mise en avant des différentes composantes de ce métier :

  • Aspect social de l’encadrement,
  • Les situations d’apprentissage : savoir faire et savoir être,
  • Collaboration avec les autres métiers de la structure,
  • Les temps hors-chantiers : temps collectifs et temps administratif,
  • Les responsabilités de l’encadrant technique.

(*) CO.R.I.DOR regroupe 14 structures de l'Insertion par l'Activité Economique (I.A.E.). Des Ateliers Chantier d'Insertion(ACI), des Ateliers de Remobilisation (AR), des Entreprises d'Insertion EI, une association Ressourcerie/Recyclerie, et des organismes de Formation de la Dordogne.
En savoir plus/Contact : Laurence Vergneaux, chargée de mission Aract Nouvelle-Aquitaine

 

S'abonner à la lettre électronique

Votre adresse de messagerie est uniquement utilisée pour vous envoyer la lettre électronique de l'Aract Nouvelle Aquitaine. Les données seront conservées jusqu'à votre désinscription, possible à partir du lien de désabonnement intégré dans la newsletter. En savoir plus sur la gestion de vos données personnelles.