Leçons de la crise - Témoignages et portraits de managers, salariés...

Publié le : 24/11/2020

 

 

Dans cet article, retrouvez différents témoignages et portraits axés sur le vécu de la crise, les actions mises en place... bref, un retour d'expérience en lien avec la crise et/ou sur la reprise de l'activité.

 

 

 

À travers ces articles, on se posera notamment les questions suivantes : comment se sont-ils organisés ? Que retiennent-ils de cette période de crise ? Quels modes d'organisation ou quelles actions souhaitent-ils pérenniser ?

La crise sanitaire a obligé les organisations à faire preuve d’une très grande réactivité à la fois dans la prise de décisions et dans la mise en application des mesures décidées et/ ou imposées. Le personnel de la Résidence les Chênes a dû réinventer son quotidien, adapter et ajuster son organisation du travail.

« Dès le départ, nous avons constitué une cellule de crise, qui réunissait direction, médecin coordonnateur, responsables de services, personnels administratifs, représentants du personnel pour échanger et décider de manière concertée sur les mesures sanitaires à mettre en œuvre, sur les informations à communiquer aux personnels, aux familles, aux résidents, et sur l’organisation de travail à adapter.
Si en matière de prévention, nous pouvions nous appuyer sur les protocoles et procédures existants (soins, hygiène, accompagnement …), ainsi que sur l’expertise du personnel, nous avons dû renforcer ces règles, les actualiser ou en rédiger d’autres au profit des résidents et des professionnels. Les cadres ont organisé des temps spécifiques sur ces mesures pour les présenter à l’ensemble des personnels, pour pouvoir être en proximité et répondre ainsi aux questions et interrogations.
Pour en faciliter l’appropriation de manière plus dynamique et interactive, et créer d’autres temps d’échanges et de discussions, la cellule de crise a imaginé deux dispositifs à destination des équipes :

  • des capsules vidéo. Ces tutoriels ont été transmis aux agents pour illustrer une procédure, et ainsi renforcer et ancrer l’intégration de nouvelles habitudes et nouveaux gestes professionnels.
  • des mises en situation par simulation. Nous avons imaginé un environnement réel : une chambre Covid19 pour pouvoir simuler des situations concrètes, précises, pour que chacun puisse s’exercer, apprendre et intégrer par la pratique de nouveaux processus sur le port des équipements de protection individuelle (les techniques habillage/ déshabillage). Une façon pour les soignants d’être en immersion dans des situations de travail habituelles mais dans des conditions de travail particulières, contraintes, dans lesquelles ils doivent agir et décider. Cette mise en situation s’est faite de manière individuelle, encadrée par la responsable des soins, et a duré environ 15 minutes.

Cette expérimentation a permis des échanges privilégiés entre pairs, d’apaiser les éventuelles inquiétudes que pouvaient avoir les professionnels, de consolider la cohésion d’équipe, et cela a été aussi l’occasion de recueillir les idées des salariés. A l’heure du déconfinement progressif, les réflexes sont bien ancrés et plusieurs mesures devraient perdurer.

Pris dans la course effrénée des chantiers, rendez-vous avec… ce quinquagénaire, passionné par son métier et doté d’une expertise technique reconnue par tous, s’est retrouvé confiné comme ses collègues, en 48h, en partie en travail sur site et en partie au chômage partiel.
« Dès le départ et tout au long du confinement, la direction a été proactive, et le CSE mobilisé. La communication a été régulière et concrète sur les mesures d’organisation. Le cadre fixé, les consignes et moyens donnés étaient connus de tous, nous nous sommes organisés entre collègues, en fonction des contraintes personnelles des uns et des autres. Rien n’a été imposé. On a mis nos idées au pot commun pour s’organiser.  Au départ, on a proposé de travailler 1 jour/ semaine, et puis au bout de 3 semaines on a fait le point et nous avons proposé de venir 2 jours tous les 15 jours, jusqu’au déconfinement ».
« J’ai plus de 30 ans de métier dans mon entreprise, et à l’annonce du confinement, je me suis dit : « Je vais pouvoir souffler, m’oxygéner ». « J’ai requestionné la place du travail et j’ai retrouvé et pris du « plaisir » dans mon travail, simplement parce que je pouvais prendre le temps de voir et d’apprécier le travail que je réalise, du début jusqu’au résultat concret sans enchaîner les tâches les unes après les autres… Un luxe !  Le travail ne tenait plus la première place, on pouvait se recentrer sur soi et sa famille ».

Aujourd’hui avec la reprise, tout le monde reprend son activité, le mot d’ordre ce n’est pas comment mieux travailler, mais comment rattraper le retard. On nous a beaucoup parlé du « monde d’après », mais c’est reparti comme avant. »

Valérie dirige une entreprise du BTP, qui emploie 7 salariés.

« Le confinement ? C’était l’arrêt de tous les chantiers. On n’avait pas le choix… On a activé le chômage partiel ».
« En tant que gérante, je me suis sentie très isolée dans mes responsabilités, notamment administratives et comptables. En même temps, plus sereine, car je pouvais prendre le temps de m’organiser... J’ai avancé sur la paperasse tranquillement, pas autant que je l’aurais voulu, mais quand même.
Ce qui était compliqué, c’était le flot d’informations (mails, guides…). J’avais du mal à suivre l’afflux des messages.
À l’annonce du déconfinement, j’ai ressenti de l’inquiétude. Comment on s’organise, quels sont les chantiers prioritaires, ceux qui peuvent reprendre ? Est-ce qu’on a les approvisionnements, le matériel … Comment on applique les mesures de prévention ?
Hors de question de le faire au pied levé, il fallait qu’on s’organise ensemble ! Seul moyen : passer par la visio. Je ne suis pas forcément très à l’aise avec cet outil, mais je me suis lancée et nous avons expérimenté avec tous les salariés.
J’avais mille questions en tête : comment conduire une réunion à distance ? Comment planifier des chantiers ? Notre travail se fait en physique d’habitude …
J’ai donc testé, vérifié les connexions, préparé l’ordre du jour, autour de 3-4 points essentiels pour la reprise d’activité. Notre réunion virtuelle nous a permis d’aller à l’essentiel.
Du coup, nous étions prêts et nous avons pu reprendre une grande partie de nos chantiers dès le déconfinement.

Sophie dirige une TPE dans le secteur de la communication (4 salariés). Son métier l’amène à utiliser le numérique chaque jour… Mais, la crise du C19 est venue percuter de plein fouet sa structure… économiquement, humainement, socialement…

 « Avec cette crise sanitaire, je me suis interrogée :

  • sur l’utilité de mon travail, qui n’est pas concret. J’ai finalement retrouvé un sens, en mettant mes compétences dans des actions de bénévolat, durant cette période inédite,
  • le sentiment d’isolement lié à ma fonction de direction a pesé et pèse encore : affaires annulées, pertes sèches à gérer,  pérennité de la structure…
  • côté organisation, nous avons conduit notre activité en télétravail à 100% durant toute la période.. Nous avons l’habitude du télétravail, cependant, le tout à distance a des limites : il réinterroge le sens du collectif, avec le risque d’étiolement du lien pour aller uniquement sur le côté efficacité. Aussi, nous avons organisé et organisons toujours, chaque semaine, des points courts et réguliers ciblés sur les missions à accomplir,
  • nous avons discuté collectivement des modalités de retour sur site et mis en place toutes les mesures de prévention recommandées,
  • nous avons profité de cette période pour mettre à jour notre document unique et notre plan de prévention. Nous avons également conservé la mémoire de ce que nous avons accompli et mis en place durant cette période.

J’aimerais aujourd’hui que nous réfléchissions en collectif sur ce qui nous a manqué, ce que nous ferions différemment si on devait être exposé de nouveau à une telle situation … »

 

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