Conduites addictives en milieu professionnel et maintien dans l'emploi : une expérimentation

Dans une enquête réalisée par la Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) fin 2014, 85% des dirigeants et DRH se déclaraient préoccupés par le sujet et démunis pour l’aborder.

Des constats inquiétants

On peut relever des coûts directs et indirects sur l’organisation du travail, ainsi que des effets pour le salarié lui même.

• Des couts directs pour l’organisation du travail :
  - L’absentéisme des salariés dépendant à une substance psychoactive (SPA) est multiplié par 2 à 5 en fréquence comme en durée (chiffres Mildeca). Les arrêts de travail supérieurs à 3 semaines sont multipliés pas 15 (chiffres de l’INPES, Institut national de prévention, d’éducation et de santé),
  - L’alcool et les drogues sont à l’origine de 20 à 30% des accidents du travail,
  L’absentéisme dû à l’alcool représente entre 10 000 et 13 000 journées de travail perdues chaque jour en France. Cela coûte aux entreprises, en moyenne, 1,5% de la masse salariale annuelle…
• Des couts indirects pour l’organisation du travail : baisse de la productivité, impacts sur la qualité, désorganisation du travail, augmentation de la charge de travail pour les autres salariés, déstabilisation des équipes, tensions dans le collectif, risques d’exclusion, sans oublier la question de la responsabilité juridique.Des effets pour le salarié : fatigue, somnolence, variabilité de l’humeur, difficultés liées à la maladie et aux prises de traitement, peur de la perte d’emploi, isolement, stigmatisation, etc.

Notre objectif : le maintien en emploi

Notre objectif est de concilier à la fois les actions réglementaires et préventives par une approche collective du maintien dans l’emploi :

• Apporter un autre regard sur le travail, afin de maintenir en emploi les personnes concernées par les addictions,
• Éviter la désinsertion professionnelle en considérant le travail comme un facteur de santé et viser l’amélioration des conditions de travail pour tous,
• Intégrer la question du maintien en emploi, avec d’autres enjeux : vieillissement, absentéisme, etc.

Une expérimentation menée dans trois régions

La particularité de l’expérimentation, qui débute, dans ces 3 régions est qu’elle est menée dans le cadre d’un cluster réunissant différentes structures et organismes. Cette démarche permet d’organiser des temps collectifs d’échanges entre les structures et des temps individuels.

Notre démarche s’appuie sur une approche centrée sur le travail, en lien avec celle développée dans le cadre du projet "Travail et maladies chroniques évolutives".
La démarche :

• Structuration du projet avec la mise en place d’une équipe projet formée à la conduite de projet (sensibilisation aux addictions, identification des difficultés rencontrées par les structures, partage d’un référentiel commun…),
• Diagnostic de l’existant par ce groupe projet, avec l’accompagnement de l’Aract,
• Élaboration d’un plan d’action.

Conscients de la complexité du sujet, les pouvoirs publics ont décidé d'inscrire la prévention des conduites addictives dans le 3ème Plan santé au travail 2016-2020.
En savoir plus sur le PST 2016-2020

En savoir plus/contact : Anna Cascarino, chargée de mission Aract Nouvelle-Aquitaine